Histoire du texte

                La Maison du chat-qui-pelote n’a gagné sa place initiale dans Scènes de la vie privée qu’en 1842 dans l’édition Furne. Première édition, Mame, qui paraît en 1830, place ce récit en quatrième position, après La Vendetta, Les dangers d’inconduite et Le Bal de Sceaux. 5 ans plus tard, chez Béchet, il vient juste après Le Bal de Sceaux qui ouvre La Comédie Humaine.
                Non seulement sa location change, ni le titre, qui est initialement Gloire et Malheur: Balzac a l’habitude de modifier ses textes longtemps après leur première apparition. Ainsi, les trois éditions du vivant de l’auteur nous offrent trois textes différents. Le nombre de modifications varie, leur importance aussi : du changement du titre et de l’ajout du dédicace, en passant par les changements au sein des personnages (la tante qui devient la cousine) ou de l’âge de l’édifice titulaire, jusqu’aux corrections stylistiques plus ou moins importantes. Tout ceci témoigne d’une grande importance de ce texte aux yeux de Balzac et de sa quête de la version parfaite. Il existe alors la quatrième version, connue sous le nom de « Furne corrigé » qui se constitue des corrections manuscrites de Balzac dans la dernière édition. Furne n’a jamais repris ces modifications du vivant de l’auteur, mais c’est sous cette forme que le texte apparaît dans toutes les éditions posthumes, suivant la règle de la dernière volonté de l’écrivain. Un lecteur passionné trouvera sûrement la comparaison de toutes les versions intéressante. Malheureusement, cette multitude de variantes n’est pas facile à présenter clairement, ni au sein du texte, ni en annexes (comme c’est le cas de l’édition de Pléiade). Une nouvelle opportunité se présente grâce aux technologies numériques : Médite, le logiciel des comparaisons des versions, conçu par les chercheurs de L’Institut des textes et manuscrits modernes, offre désormais une vision beaucoup plus claire des modifications au sein d’un texte.
                Une telle comparaison permet d’apercevoir que c’est surtout le commencement qui perturbe Balzac. La plupart des variantes apparaît sur les premières pages. Les transformations entre la première et la dernière version sont donc importantes et mettent bien en évidence comment la visée de ce texte change légèrement, par quelques variantes stylistiques par-ci, une reformulation par là. Ceci permet de prendre conscience que chaque intervention de l’auteur, si minuscule soit-elle, ne doit pas être négligée. De même quand il s’agit de l’avant-texte. Dans le cas de La Maison du chat-qui-pelote, on dispose du manuscrit complet  contenant aussi trois premières ébauches : évidemment, ce sont des variantes d’une grande importance pour l’ensemble du texte.
Ébauches
Versions du texte

Histoire du texte fournie par la Maison de Balzac: Voir source

– Le manuscrit, alors intitulé Gloire et Malheur, est conservé à la bibliothèque Lovenjoul (A 89), à l’Institut de France. Il est complet et comprend 35 feuillets. Il propose trois débuts très différents, abandonnés dans le texte définitif, portant sur « le plaisir difficile qui se rencontre dans l’investigation physiognomonique (…) depuis l’ère de la liberté », sur « les débris de l’ancien monde », sur « l’uniformité et la perte des nuances ».

– Octobre 1829 : rédaction de l’oeuvre à Maffliers, près de la forêt de l’Isle-Adam, au nord de Paris : la duchesse d’Abrantès y séjournait chez les Talleyrand-Périgord ; mais on ne sait pas si Balzac était au village, ou au château. Les critiques ont noté que la duchesse a inspiré le personnage de la duchesse de Carigliano.

– Avril 1830 : 1ère publication de Gloire et Malheur, édit. Mame-Delaunay, en tête du tome II de l’ouvrage – en 2 volumes – intitulé Scènes de la vie privée.

– Mai 1832 : 2ème édition de Gloire et Malheur, édit. Mame-Delaunay, en tête du tome II de l’édition augmentée – en 4 volumes – des Scènes de la vie privée. Le texte est identique à celui de l’édition originale.

– Juillet 1835 : 3ème édition de Gloire et Malheur, édit. Béchet, en seconde position dans le tome I, édition encore augmentée des Scènes de la vie privée, dans les Etudes de Moeurs au XIXe siècle– en 12 volumes publiés de 1834 à 1837.

– Octobre 1839 : 4ème édition de Gloire et Malheur, édit. Charpentier, en seconde position du tome I, dans Scènes de la vie privée, « nouvelle édition revue et corrigée » – en 2 volumes. Le texte en est identique à celui de l’édition Béchet.

– Juin 1842 : 5ème édition, cette fois sous le titre de La Maison du chat-qui-pelote, édit. Furne, au début du tome I, immédiatement à la suite de l’« Avant-Propos » dans La Comédie humaine.

Nombreuses corrections de détail tout au long du Furne corrigé.